Yvette Andreyor: l'injustice du parlant.

De nombreux acteurs du cinéma muet ont disparu à l'orée du parlant. Yvette Andreyor ne déroge pas à la règle en se faisant de plus en plus rare à partir des années 30 pour mourir en 1962 dans l'anonymat le plus profond. Pourtant, contrairement à d'autres, la jolie actrice disposait d'un bel organe qu'elle faisait entendre au théâtre. Pourquoi sa carrière se sera-t-elle si brusquement arrêtée alors ? Était-elle déjà trop vieille (la quarantaine) où souffrira-t-elle de son étiquette de vedette du muet ?

Yvette Andreyor est née en 1891 à Paris. Elle commence sa carrière sur les planches avant d'être repérée en 1910 par la firme Gaumont. Elle tourne alors avec les deux très grands de l'époque que sont Léonce Perret et Louis Feuillade. C'est ce dernier (encore une fois) qui permettra à Yvette de rencontrer le succès, tout d'abord dans le sérial Fantômas où elle joue la prostituée Joséphine complice de Fantômas , puis dans Judex avec le rôle d'une veuve, Jacqueline, dont est amoureux le héros. En 1917, elle se mariera avec un acteur, Jean Toulout, avec qui elle tournera plusieurs films. A partir de 1918, elle ne tourne plus avec Feuillade, pourtant à l'origine de son succès. Elle tourne pendant les années 20 avec Henri Fescourt (Mathias Sandorf), Georges Monca (Chantelouve, Judith), Robert Péguy(Le crime de Monique, Âme d'artiste) et le grand René Clair à la fin des années 20 (Les deux Timides).

La suite de la carrière d'Yvette Andreyor ne sera pas à la hauteur de son talent, on ne sait pas trop d'ailleurs. Disposant d'une belle voix, elle aurait dû poursuivre sa carrière sans encombre. Si elle joue encore au théâtre avec succès, elle ne fait plus que quelques apparitions de modeste facture chez Serge de Poligny en 1939 et 1946 (Le veau d'or et Torrents) où encore chez Gilles Grangier en 1947 (Pas si bête). Aucun réalisateur ne prendra la mesure du potentiel d'Andreyor. L'actrice nous quittera le 30 octobre 1962, soit 12 jours après son ex-mari : Jean Toulout, qui lui aussi connut la disgrâce du parlant. Le destin des deux acteurs furent liés jusqu'au bout.