Elmire Vautier: la belle oubliée.

Quel beau sourire que celui de la charmante Elmire Vautier, une actrice à la grâce mutine comme l'écrivit un journaliste des Annales africaines en 1924. Une actrice à la vie bien remplie, plus que sa filmographie, le Rocambole, quarante cinq ans après sa mort, la qualifiant « de plus grande poétesse dans sa vie que dans ses œuvres ». En effet, soyons honnête, qui se souvient d'elle et de ses films à notre époque ? Elle fut pourtant une actrice majeure des années 20 et forma avec René Navarre l'un des grands couples du cinéma durant cette décennie.

Elmire Vautier est né le 28 août 1897 à Granchain en Haute-Normandie. Elle commence le théâtre à l'âge de 18 ans. Rapidement repérée par les cinéastes de l'époque, elle tourne son premier film en 1919 La femme des autres de Pierre Marodon et avec Gaston Jacquet. Elle poursuit sa collaboration avec ce réalisateur une année plus tard avec le film Qui a tué avec Jean Garat. Mais c'est avec le film Sa gosse d'Henri Desfontaines qu'elle rencontre le succès. Forte de sa nouvelle renommée, elle va alors enchaîner les films et les sérials : Le sang des immortelles et L'île sans amour d'André Liabel et Le fils de la nuit, feuilleton en 12 épisodes de Gérard Bourgeois en 1919, La preuve et Le roi de Camargue d'André Hugon et L'homme aux trois masques, feuilleton en douze épisodes d'Emile Keppens en 1921, Judith, Le refuge de Georges Monca et le sérial en dix épisodes Vidocq avec l'immense René Navarre. Elle épouse d'ailleurs ce dernier, de 20 ans son aîné, en 1924, union qui donnera naissance à une fille la même année . La carrière d'Elmire Vautier se poursuit, notamment dans deux nouveaux sérials, Jean Chouan de Luitz Morat avec René Navarre en 1925 et Belphégor d'Henri Desfontaines en 1926. Durant cette période, les critiques sont dithyrambiques, les critiques saluent le jeu de l'actrice et elle devient l'une des actrices les plus populaires des années 20.

Avec l'arrivée du parlant, les rôles se font de plus en plus rares, au point de ne pas tourner entre 1931 et 1934. On lui reproche alors, comme la plupart des acteurs muets, un jeu trop théâtral. Elmire Vautier aura tout de même l'occasion de tourner encore avec de grands noms du cinéma français, dans des rôles secondaires cependant, comme Julien Duvivier dans Golgotha/Ecce homo et Le Roman d'un tricheur de Sacha Guitry en 1935, Le patriote en 1938 et Mam'zelle Bonaparte en 1941 de Maurice Tourneur. Sa carrière au cinéma s'arrête en 1942 avec La Duchesse de Langeais de Jacques de Baroncelli.

En parallèle de sa carrière cinématographique déclinante, Elmire Vautier poursuit sa carrière au théâtre et se lance dans la mode. Elle crée alors des robes et des chapeaux. A la ville, elle divorce de René Navarre en 1936 et se remarie cinq ans plus tard avec l'acteur et doubleur Jacques Eyser. Elle s'éteint brutalement en 1954, victime d'une crise cardiaque.